Quelle est la première pensée qui vous vient quand on parle de décider à plusieurs ? Enthousiasme, joie, créativité ? Ou plutôt galère, frustration, conflit ? Rares sont les personnes qui m’ont répondu quelque-chose de joyeux. Pourtant dans toute organisation la prise de décision collective est un enjeu clé qui peut avoir un impact significatif sur la réussite et la pérennité de l’activité. Il est vrai aussi que la prise de décision en équipe peut être source de tensions, car elle implique de trouver un équilibre entre les différentes perspectives, les intérêts et les objectifs des membres de l’équipe. Pour vous aider à relever ce défi, je vous propose dans un cet article un aperçu des différents facteurs de réussite à avoir en tête pour favoriser une prise de décision fluide et efficace dans votre équipe, organisation ou collectif.

Pourquoi prendre soin de la prise de décision en équipe ?

La prise de décision en équipe présente de nombreux avantages par rapport à la prise de décision individuelle (bien que celle-ci ait aussi ses avantages et mérite d’être utilisée dans une juste mesure).
Tout d’abord, elle permet de bénéficier de la diversité des perspectives et des compétences des membres de l’équipe, ce qui peut conduire à des décisions plus créatives et plus innovantes. Ensuite, elle favorise l’engagement et la responsabilisation des membres de l’équipe, car ils ont l’opportunité de contribuer activement au processus de décision et de se sentir impliqués dans les résultats. Enfin, elle permet de renforcer la cohésion de l’équipe en favorisant la communication, la collaboration et la confiance mutuelle.

Décider ensemble, la galère ?

Ceci étant, je suis sûr que nous avons tous et toutes vécu des expériences de prise de décision à plusieurs qui nous ont laissé un goût de déception. L’exemple le plus classique est celui du vote à la majorité, qui est probablement l’un des processus de décision collectif le plus communément utilisé dans nos organisations : excepté le cas d’un vote unanime, cette modalité de décision garanti qu’une partie, potentiellement très significative des votants (jusqu’à 49,9 % !) ne sera pas en accord avec l’issue de la décision. Et que dire du processus de vote utilisé dans les élections présidentielles françaises, qui permet à un candidat soutenu par une infime partie de la population de l’emporter…

Les raisons à toutes ces mauvaises expériences peuvent être nombreuses :

• Le processus de décision utilisé peut être flou, mal maîtrisé, trop complexe, ou simplement inadapté.
• L’issue de la décision peut être mal acceptée, surtout lorsque le processus utilisé est vécu comme injuste, inadapté ou clivant.
• Le groupe peut entraîner une pression sociale pour se conformer à l’opinion majoritaire, même si cela va à l’encontre de ses propres convictions.
• La prise de décision en équipe peut être entravée par des conflits interpersonnels ou des luttes de pouvoir, qui peuvent nuire à la communication et à la collaboration.
• La prise de décision en équipe peut être ralentie par une surcharge d’informations ou au contraire par un manque d’informations.
• Le manque de clarté dans les rôles et les responsabilités peut entraîner une confusion et une inefficacité dans la mise en œuvre de la décision.

Heureusement tout ça n’est pas une fatalité : nous allons voir dans la suite de cet article quelques facteurs clés à soigner pour que la prise de décision en équipe soit efficace, pertinente et génère de l’engagement.

Comment choisir le bon processus de décision ?

Il n’existe pas de processus de décision unique qui convienne à toutes les situations. Le choix du processus de décision le plus adapté dépend de plusieurs facteurs, tels que la nature de la décision à prendre, les enjeux, les délais, les ressources disponibles et les préférences de l’équipe. Voici quelques exemples de processus de décision couramment utilisés :

• Le vote majoritaire : ce processus consiste à soumettre les différentes options au vote des membres de l’équipe et à choisir l’option qui obtient la majorité des voix. Ce processus est simple et rapide, mais il peut ne pas tenir compte des préoccupations des membres minoritaires.
• Le consensus : ce processus implique une discussion approfondie entre les membres de l’équipe pour trouver une solution qui convienne à tous. Ce processus peut être plus long, mais il favorise l’engagement et la responsabilisation de tous les membres de l’équipe.
• La décision par consentement : Les membres du groupe cherchent à trouver une décision qui soit acceptable pour tous, même si elle n’est pas la préférée de tous.
• La délégation : ce processus consiste à confier la prise de décision à un membre ou à un sous-groupe de l’équipe. Ce processus peut être efficace lorsque les membres de l’équipe ont des compétences et des connaissances spécialisées, mais il peut également entraîner un manque d’engagement des autres membres de l’équipe.

L’humanité a été très créative en ce qui concerne les manières de décider. L’infographie ci-dessous, issue de la Gouvernance Intégrative, en propose un panorama qui a le mérite de rouvrir le champ des possibles :

Partant du principe qu’un processus n’est ni bon ni mauvais, mais qu’il est plus ou moins adapté selon les circonstances, il devient alors possible de choisir parmi la palette des possibles quels processus le groupe choisira d’utiliser :

• Selon que l’enjeu est fort ou faible
• Selon le degré d’urgence
• Selon le besoin d’implication des membres
• Selon la facilité de se réunir ou non

S’outiller de processus adaptés aux situations rencontrées par l’équipe, c’est faire un travail sur la gouvernance. Se faire accompagner au cours de votre démarche peut vous faire gagner un temps précieux et maximiser vos chances de réussite.

Le principe de subsidiarité : impliquer les bonnes personnes dans la prise de décision

Le principe de subsidiarité consiste à prendre les décisions au niveau le plus approprié, c’est-à-dire le niveau le plus proche des personnes concernées par la décision. En appliquant ce principe, les membres de l’équipe qui ont les compétences, les connaissances et les responsabilités nécessaires pour prendre une décision sont impliqués dans le processus de décision. Cela permet de s’assurer que les décisions sont prises par les bonnes personnes, ce qui favorise l’engagement et la responsabilisation des membres de l’équipe.

Plutôt qu’un long discours, je vous recommande le visionnage de cette vidéo de Décathlon qui explique comment ils invitent leurs équipes à utiliser le principe de subsidiarité :

A vous de jouer

La prise de décision en équipe est un art qui nécessite des processus adaptés aux différents types de décision que les équipes doivent prendre. En choisissant le bon processus de décision, en appliquant le principe de subsidiarité, en cultivant un climat favorable, les équipes peuvent prendre des décisions efficaces qui génèrent l’engagement et la responsabilisation de tous les membres de l’équipe. En fin de compte, cela pourra vous conduire à une organisation plus performante, plus pérenne, et dans laquelle l’épanouissement de chacun.e est possible.