Wicelium - Intelligence Collective & Gouvernance Partagée

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Couverture guide« Cultiver l’intelligence collective dans vos réunions »

L’actualité me donne envie de vous partager ma réflexion autour des enjeux démocratiques qui secouent notre pays. La crise démocratique que traverse la France est en effet un sujet brûlant et complexe ayant des impacts sur tous les sujets de sociétés. C’est selon moi une des causes primaires du sentiment d’impuissance que beaucoup d’entre nous pouvons ressentir face à toutes les autres crises que nous traversons (climatique, énergétique, financière, sécuritaire …) . Elle nécessite donc toute notre attention et notre soin si nous voulons être en mesure de faire face aux défis importants que notre pays (et notre civilisation) doit relever.

En tant que consultant en gouvernance partagée, il me semble clair qu’une des nombreuses voies pouvant contribuer à résoudre cette crise est d’emmener nos entreprises, nos associations et nos collectifs vers des fonctionnements plus démocratiques. Comment espérer plus de démocratie à l’échelle si complexe d’un pays si nous ne savons pas déjà faire démocratie dans les organisations à notre échelle, celles sur lesquelles nous avons la main ? Généraliser les pratiques de partage de la gouvernance, en adéquation avec les enjeux spécifiques de chacune de nos structures, me paraît être une voie essentielle d’expérimentation de nouveaux possibles.

Mais au fait, la gouvernance partagée, qu’est-ce que c’est ?

Tout d’abord, la gouvernance partagée est une façon de gérer une organisation qui prend en compte les opinions et les idées de toutes les parties prenantes. Elle vise à démocratiser la prise de décision au sein de la structure et à mettre en place une culture d’engagement et de collaboration.

Le concept de gouvernance partagée a été initialement développé dans les coopératives et les mutuelles, mais il est de plus en plus adopté par les entreprises de toutes tailles et secteurs d’activité. Les entreprises étendent souvent ce principe à tous les aspects de leur fonctionnement, y compris les politiques salariales, la planification stratégique et les processus de prise de décision.

OK, mais concrètement comment la gouvernance partagée favorise-t-elle la démocratie en entreprise ?

La gouvernance partagée favorise la démocratie en entreprise en mettant en place un système de gouvernance inclusif où la voix de chaque employé est prise en compte sur les sujets qui le concernent, quelle que soit sa position dans la hiérarchie de l’entreprise. Cette manière de gouverner le collectif a de nombreux avantages pour les employés et l’entreprise elle-même. Tout d’abord, elle permet aux employés de jouer un rôle plus actif dans l’orientation de l’entreprise en étant impliqués dans la prise de décision. Les connaissances et les idées de tous et toutes sont alors prises en compte, et non plus uniquement celles des cadres, des dirigeants ou des actionnaires. Le cercle peut aussi s’étendre aux partenaires et aux clients.

En outre, les processus décisionnels sont plus transparents et inclusifs, ce qui renforce le sentiment de confiance que les salariés ont envers la direction. Les employés ont davantage le sentiment de faire partie intégrante de l’entreprise, de son identité, de ses missions et de ses choix stratégiques. Cette implication accrue des employés renforce leur engagement et leur fidélité, tandis que l’entreprise, elle, bénéficie d’un plus grand taux de rétention du personnel.

Enfin, la gouvernance partagée permet, dans le cas où l’entreprise doit faire face à des difficultés, de collecter l’ensemble des idées et perspectives de chacun, facilitant la coopération et le travail en équipe afin de faire face aux défis de l’entreprise.

La gouvernance partagée en entreprise, une solution concrète pour résoudre la crise démocratique en France ?

En France, l’économie est dominée par de grandes entreprises, souvent multinationales. Les employés de ces entreprises ont rarement voix au chapitre lorsqu’il s’agit de prendre des décisions stratégiques importantes. Les chefs d’entreprise, les actionnaires et les partenaires commerciaux ont souvent une influence déterminante sur l’avenir de l’entreprise, sans que les employés de la « base » ne puissent donner leur avis. Pourtant selon l’INSEE les employés (hors cadres), les ouvriers et professions intermédiaires sont largement majoritaires parmi les personnes en emploi : 73,5 % en 2016 (1). J’y vois là un énorme potentiel d’intelligence collective pour nos organisations, et pour notre société, car nos entreprises et nos associations ont un impact concret et décisif sur notre quotidien, et sur les futurs possibles.

La crise démocratique que traverse la France me semble intimement liée à cette lacune au niveau de nos organisations. Les employés se sentent exclus du processus décisionnel et ne sont donc pas capables de contribuer à la prise en compte des impératifs sociaux, environnementaux, ou éthiques de l’entreprise. Cette culture d’abdication de notre propre puissance et de l’espoir en des figures d’autorité providentielles se retrouve également dans le modèle de gouvernance de notre pays, dont la constitution est l’essence.

Vous l’aurez compris, développer la culture de la gouvernance partagée en entreprise et dans tous nos projets collectif est pour moi une solution concrète pour sortir, à terme, à cette situation. Il me semble essentiel de donner les moyens aux majorités jusque-là silencieuses d’avoir une véritable voix et une participation équitable aux processus décisionnels, sur tous les sujets et selon diverses modalités, y compris la répartition satisfaisante de la richesse ou la préservation de notre planète.

La gouvernance partagée encourage le dialogue, la coopération et le partage d’information, tout en favorisant les intérêts de l’ensemble des parties prenantes impliquées dans le projet.

C’est cette conviction qui m’a fait choisir de faire de la gouvernance partagée et de l’intelligence collective mon métier : c’est un chemin naturel vers un nouveau modèle de société plus humain, plus résilient, plus souhaitable, et qui m’enthousiasme profondément. Je fais le vœux que cette conviction soit un jour majoritaire dans notre pays, et alors nul doute que naturellement les changements dans nos institutions suivront.

(1) Source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3303384?sommaire=3353488#tableau-T18F041G2