Wicelium - Intelligence Collective & Gouvernance Partagée

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Couverture guide« Cultiver l’intelligence collective dans vos réunions »

La citation « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » est une phrase souvent citée lorsqu’il s’agit de parler de la puissance du travail en équipe. Cette expression souligne l’importance de la collaboration et de la coopération pour atteindre des objectifs communs. Si j’adhère évidement à cette vision, je vous propose dans cet article de réfléchir aux conditions qui me semblent nécessaires pour pouvoir effectivement aller plus loin ensemble.

L’origine de cette citation est incertaine, mais elle est souvent attribuée à un proverbe africain. Elle a été popularisée dans le monde des affaires et de la gestion, mais elle a également une signification plus large qui s’applique à de nombreux aspects de la vie. J’aime imaginer qu’elle est le fruit d’une sagesse millénaire issue de millions d’interactions et de projets individuels et collectifs menés par des humains tantôt en recherche d’efficacité, tantôt en recherche de lien, en recherche de liberté et d’expression individuelle ou en recherche de sécurité. A force d’essais / erreurs, il est apparu à nos prédécesseurs qu’il s’agit en fait d’une polarité avec laquelle nous pouvons jouer pour tirer le meilleur de chacune de ces deux opposées : faire seul.e, ou faire ensemble.

« Seul on va plus vite … »

Cette première partie de la citation souligne que lorsque nous travaillons seuls nous pouvons accomplir des tâches plus rapidement et avec une plus grande efficacité. Cependant, cette efficacité peut souvent être limitée, car les efforts individuels ont des limites en termes de temps et de capacité. De même, avancer seul signifie se priver de l’intelligence collective que peut apporter un groupe, avec son lot d’idées innovantes ou de sagesse qui sont autant d’aides précieuses pour mener à bien un projet. Ainsi il est sous-entendu dans la citation que si seul on va plus vite, on va aussi moins loin.

« … ensemble on va plus loin »…

Cette deuxième partie de la phrase souligne que lorsque nous travaillons en équipe, nous pouvons accomplir des tâches plus complexes et atteindre des objectifs plus ambitieux. La collaboration permet d’exploiter les compétences, les connaissances et les perspectives de chacun pour trouver des solutions plus créatives et plus complètes. Cependant collaborer est un art et nécessite souvent une dépense d’énergie et de temps supplémentaire pour s’organiser, se tenir informés et décider ensemble. C’est pourquoi cette citation sous-entend que si ensemble on va plus loin, on y va moins vite.

… à certaines conditions !

Faire ensemble, coopérer, cela peut se faire efficacement et dans la joie autant que dans la peine et la frustration. Si en tant qu’humains nous naissons avec le besoin d’être entourés de nos semblables, coopérer relève de l’apprentissage. A mon sens la réussite d’une coopération se fonde sur deux piliers : la posture individuelle de coopération, et le cadre collectif.

La posture individuelle de coopération est pour moi l’ensemble des savoir-être et savoir-faire qu’une personne peut apprendre et cultiver pour faciliter ses rapports coopératifs aux autres : communication, intelligence émotionnelle, lâcher prise, prise de recul vis à vis de l’ego, ouverture à l’autre et aux idées nouvelles, sens des responsabilités et de la souveraineté de chacun.e …
Sans ces qualités chez une majorité des membres d’un groupe, la collaboration sera plus difficile car entravée par des situations de tensions ou de conflits potentiels qui seront d’autant plus difficiles à désamorcer que les individus manqueront d’expérience dans ces domaines. Non-dits, quiproquos, oppositions masquées, animosités sont autant de coups qui peuvent être portés à l’atteinte des objectifs communs, si tant est que le groupe parviennent à demeurer fonctionnel.
Heureusement j’ai pu observer que les bonnes pratiques de posture individuelle de coopération sont souvent contagieuses ! Par mimétisme et avec le temps, les différents membres d’un groupe pourront atteindre une qualité de posture satisfaisante, pour peu qu’au moins un membre un peu plus aguerri puisse amener par l’exemple de nouvelles pratiques (et que le groupe souhaite progresser, bien évidemment). L’intervention d’un facilitateur formé pourra accélérer les choses en apportant un oeil constructif sur là où en est le groupe et en garantissant un cadre sécurisant propice à s’approprier de nouvelles pratiques. A ce sujet j’ai mis au point un guide pour vous permettre de découvrir les pratiques fondamentales que j’apporte lors des ateliers d’intelligence collective que je facilite, téléchargeable gratuitement ici.

Le cadre collectif fait pour moi référence à l’ensemble des règles de fonctionnement du groupe. Dans un groupe ayant un projet inscrit dans le temps on regroupe souvent ces règles sous le concept de gouvernance, qui aura pour but principal de clarifier l’organisation du groupe (hiérarchie, rôles, instances de type commissions ou comités) et la manière dont sont prises les décisions. Une gouvernance adaptée aux enjeux, au contexte et à la culture du groupe est essentielle à une collaboration satisfaisante dans la durée.
Selon les groupes, des choix très différents pourront être faits quant à des polarités telles que :

  • Un fonctionnement formel VS informel
  • Une recherche d’efficacité VS prendre soin des relations
  • Confidentialité VS transparence
  • Décider ensemble VS autorité centralisée
  • Confiance VS Contrôle

Chaque polarité ayant des avantages et des inconvénients, il conviendra au groupe de se positionner sur ces différents axes pour trouver la couleur unique du projet. Un travail de mise en conscience de ces polarités peut être très aidant pour un groupe qui pourrait rencontrer des tensions originant de points de vues différents mais non conscientisés ni exprimés vis à vis de certaines polarités. Par exemple certaines personnes peuvent être frustrées de temps de réunions longues et pas assez efficaces à leurs yeux, tandis que d’autres voient ces réunions comme nécessaires au soin des bonnes relations dans le groupe. La prise de conscience ouvre la porte à un dialogue constructif sur le sujet.

Faire seul VS faire ensemble est l’une des polarités sur laquelle un groupe peut jouer pour ajuster sa gouvernance. Déléguer, confier des rôles ou des mandats sont autant de manière d’amener l’efficacité du « faire seul » au sein d’un projet collectif. Et faire seul peut se faire en prenant en compte les besoins et avis des autres, par exemple avec des sondages ou une sollicitation d’avis, tout en assumant individuellement la responsabilité des décisions dans un périmètre donné. Pour les sujets plus sensibles demandant une implication plus large des membres du groupe on pourra privilégier le faire et décider ensemble. Ainsi un bon dosage entre ces deux polarités permet à un groupe de tirer partie de l’efficacité du faire seul et de la force du faire ensemble.

Le choix des processus de prise de décision est évidemment influencé par ces polarités, ainsi que par le contexte et les enjeux dans lesquels les décisions devront être prises. Pour (re)découvrir la variété des processus de prise de décision qui s’offre à nous je vous renvoie à cet article que j’ai écrit sur le sujet.

 

En résumé, la citation « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » souligne l’importance de la collaboration et de la coopération pour atteindre des objectifs communs. Travailler en équipe peut être plus lent, mais c’est souvent plus efficace à long terme. Cette citation nous rappelle que nous avons tous besoin de l’aide et du soutien des autres pour réussir. Cependant la bonne volonté n’étant malheureusement pas suffisante pour coopérer efficacement, il nous revient d’apporter du soin au « comment » nous coopérons. C’est pour cela que les pratiques d’intelligence collective et de gouvernance partagée existent : il est temps de nous les approprier et de les diffuser, pour construire un monde de coopérations efficaces, apaisées et joyeuses !